4 questions à Johanne Fournier, journaliste formatrice

4 questions à Johanne Fournier, journaliste formatrice

 

Johanne Fournier est journaliste-photographe indépendante. En plus d'être correspondante au quotidien Le Soleil et collaboratrice pour La Terre de chez nousGraffici et Pêche Impact, Mme Fournier est formatrice pour le CQÉMI. Elle a donné près d'une centaine de formations #30secondes avant d'y croire depuis 2018.

 

Où s’informent les jeunes que vous rencontrez ?

En général, ils ne s’informent plus par les médias traditionnels. Sauf quelques petits érudits par-ci par-là, qui sont maniaques d’actualités ou de politique et qui connaissent mieux les médias plus traditionnels. Quand je leur demande : « Comment vous informez-vous ? », ils me disent que c’est surtout par les réseaux sociaux. C’est beaucoup sur TikTok et Instagram. Facebook, c’est dépassé, mais ils ont quand même à peu près tous un compte. 

 

Quelle est l’utilité des formations #30secondes dans les écoles, selon vous ? 

Chaque fois que je ressors d’un atelier, j’ai toujours l’impression d’avoir fait œuvre utile. Pour moi, c’est vraiment important. Les élèves entendent les mots fake news, fausses nouvelles et désinformation, mais souvent, je suis la seule qui est venue décortiquer ça avec eux, qui les a fait échanger là-dessus. En sortant de là, j’ai le sentiment que je les ai aidés à y voir plus clair.

 

Pourquoi est-ce important de sensibiliser les jeunes à l’importance de bien s’informer et de faire attention aux fausses nouvelles ?

On constate davantage l’importance des formations depuis le début de la pandémie, même si les fausses nouvelles et la désinformation ont toujours existé. Je pense que si on réussit à sensibiliser les jeunes, à les faire participer et à les inciter à prendre les 30 secondes qu’il faut pour vérifier l’information avant d’interagir – avant de la liker, de la partager ou de la commenter –, à ce moment-là, on devient vraiment important.

 

Pensez-vous que votre intervention fait une différence auprès des jeunes ? Avez-vous déjà eu des témoignages qui vous indiquent que les jeunes en tirent quelque chose ?

J'étais dans une école en Gaspésie. Un grand gaillard, costaud, semblait être le leader de la classe. Peut-être à cause de sa prestance et sa façon d’être, personne n’osait l’obstiner, tout le monde l’écoutait et riait. Il faisait un peu le boute-en-train et commentait à peu près tout ce que je disais. Il parlait tout le temps, mais je le laissais aller, me disant « du moment qu’il suit et qu’il ne dérange pas »…

À un moment donné, j’ai donné un exemple de fausse nouvelle, et il a dit : « Hein ? Je pensais que c’était vrai ça! » Les autres se sont mis à rire. Au fur et à mesure de l’atelier, il s’est mis à changer un peu d’attitude. Il est devenu moins rebelle, moins réfractaire à ce que j’avançais. À la fin du cours, au moment où j’ai demandé s’il y avait d’autres questions, il s’est levé, est allé au tableau et y a écrit « Merci beaucoup madame Johanne ». Il a fait applaudir toute la classe. Ça, c’est comme ma paye. Il n’y a pas une autre paye qui vaudrait ça.

 

Découvrez dans cette section les témoignages inspirants d’enseignants, journalistes, collaborateurs ou membres de la communauté du CQÉMI sur l’importance de l’éducation aux médias et du rôle des médias et du journalisme dans la société.

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