Comment notre cerveau nous trompe

Comment notre cerveau nous trompe

À tout moment de la journée, notre cerveau prend des raccourcis pour traiter l’information. Ces raccourcis jouent un rôle majeur dans le succès de la désinformation, puisqu’ils influencent fortement  notre perception du contenu que l’on consomme. On les appelle aussi biais cognitifs. En voici quelques-uns.

Biais de confirmation

Le biais de confirmation est celui à cause duquel nous avons tendance à croire des informations qui confirment ce que nous croyons déjà. L’humain n’aime pas être contredit, même s’il a tort, ce qui le rend plus vulnérable à la désinformation. Le biais de confirmation peut donc nous amener à croire trop rapidement une information qui confirme nos croyances sans prendre le temps de la vérifier, ou encore à ignorer de vraies informations sur un sujet. 

 

Pour contrer ce biais, Cloé Gratton, doctorante et chercheuse en psychologie à l’Université du Québec à Montréal, suggère de vérifier si nos croyances sont fondées ou non. « On peut trouver une panoplie de sites web qui confirment toutes nos opinions. Donc, lorsqu’on fait des recherches en ligne, une bonne pratique peut être d’écrire notre sujet de recherche “+ démystifié” à côté. Si aucun résultat ne sort, c’est un bon signe », avance-t-elle. Cloé Gratton est co-auteure de Raccourcis, un petit guide pratique sur les biais cognitifs

 

Effet de répétition

« L’humain a plus tendance à croire en une information qui est répétée, plutôt qu’en une information nouvelle, même si [cette dernière] est vraie », explique Cloé Gratton.

 

Même si nous ne croyons pas fermement à quelque chose, le fait de voir à répétition cette information peut tout de même jouer sur notre niveau de croyance. Or, avec les algorithmes qui ont tendance à montrer à répétition de mêmes informations ou des informations similaires, il faut beaucoup se méfier de l’effet de répétition sur les réseaux sociaux.

 

Chambre d’écho

La chambre d’écho chambre à écho est un biais qui joue main dans la main avec le biais de confirmation. « C’est le fait que, inconsciemment ou non, nous nous créons un environnement qui colle à nos opinions, ce qui fait que nous sommes moins confrontés aux opinions contraires », résume Mme Gratton. En étant moins confronté à des opinions différentes, l’humain a tendance à moins croire que d’autres avis ont de la valeur, ou même à être conscient que d’autres avis existent. 

 

Encore une fois, les algorithmes jouent un rôle important dans la sélection des sources et des sujets qui nous sont présentés en ligne. « Les mêmes biais qui se retrouvent chez les humains peuvent se trouver au cœur des algorithmes », affirme la doctorante. Comme les algorithmes calquent nos comportements et nos croyances dans le but d’obtenir le plus de clics, ils amplifient la chambre d’écho. 

 

Les biais liés au groupe 

Différents biais liés à notre besoin d’appartenance sociale modifient également notre façon de traiter l’information. 

 

Le biais d’essentialisme nous pousse à classer les individus dans des groupes et des catégories sociales, ce qui peut mener à la création de préjugés et de stéréotypes. Les préjugés et les stéréotypes simplifient notre manière de voir les choses, ce qui peut nous conduire à partager de la désinformation. 

 

À l’opposé, le biais pro-endogroupe nous mène à « favoriser notre groupe - en tant que Blanc, qu’employé ou qu’immigrant, par exemple - ce qui a un fort impact sur notre façon de traiter l’information qui concerne d’autres groupes », ajoute la chercheuse.

 

Comment déjouer nos raccourcis mentaux?

On ne peut pas se départir totalement des raccourcis mentaux. Ils font partie de nous, de la façon dont fonctionne notre cerveau et ce fait, sont difficiles à déjouer. Il existe cependant quelques trucs pour limiter l’impact qu’ils ont sur nos décisions.

 

Déjà, reconnaître que nous avons tous des biais et des croyances est un excellent premier pas. Comprendre que nos émotions et nos raccourcis mentaux peuvent avoir un fort impact sur notre jugement et que nous pouvons tous nous tromper, malgré nos bonnes intentions, permet de limiter le pouvoir que les biais cognitifs ont sur nous.

 

Cloé Gratton suggère que de développer ses compétences en littératie médiatique est une autre bonne piste. La littératie médiatique est la capacité à comprendre et à analyser l’environnement médiatique qui nous entoure, afin d’être un lecteur avisé. « Il existe des exercices en ligne qui permettent d’apprendre à distinguer une publicité d’un article, un texte d’opinion d’un article journalistique, ou qui enseignent comment trouver visuellement la source dans une page web », ajoute Mme Gratton.

 

Elle suggère également de s’informer directement sur le site d’un média fiable, plutôt que  sur une page qui ne vérifie peut-être pas s’il y a des faussetés dans son contenu. Être en mesure de consulter des sites fiables, de reconnaître ce qu’est une vraie nouvelle et de varier ses sources. permet de freiner le pouvoir que peuvent avoir les biais cognitifs sur nous.

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