Quels sont les devoirs et les rôles des journalistes?

Quels sont les devoirs et les rôles des journalistes?

Moins de la  moitié des Canadiens font confiance « à la plupart des nouvelles la plupart du temps », selon une enquête internationale de 2022. Ce faible taux s’explique en partie par le fait que beaucoup de gens ne comprennent pas comment fonctionnent les médias et le journalisme. 

 

C'est l’explication qu’avance Marie-Eve Carignan, co-titulaire de  la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violents. Si la pandémie est partiellement responsable de cette baisse de confiance, la chercheuse et co-titulaire de la Chaire UNESCO en prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violents Marie-Ève Carignan pense aussi que « beaucoup de gens ne comprennent pas comment fonctionnent les médias et leurs processus journalistiques ni le travail rigoureux d’un journaliste qui demande de répondre à un code de déontologie et de valider ses informations avec plusieurs sources. » 

 

Elle explique que ce manque de connaissances joue sur la confiance du public envers les journalistes puisque « lorsqu’on ne comprend pas, souvent on est plus méfiants et on peut faire des amalgames entre un journaliste et un citoyen qui a fait des recherches. »
 

Le rôle du journaliste

Les journalistes servent de « chiens de garde » de la démocratie. Il s’agit d’un rôle qui comporte de multiples missions, dont celles d’observer les activités du gouvernement pour s’assurer que celui-ci soit transparent et de donner au public des informations vérifiées et nécessaires pour prendre des décisions éclairées. Le journalisme doit également favoriser une conversation sur des enjeux de société importants en donnant une voix au public et en présentant différentes perspectives et solutions.

 

Marie-Ève Carignan précise que « souvent, le journalisme est décrit comme étant le « quatrième pouvoir » —une référence aux trois pouvoirs qui constituent un régime démocratique: l’exécutif, le législatif et le judiciaire. Le journalisme serait donc une sorte de contre-pouvoir, capable d’être critique devant l’État et de ce fait, d’aider le citoyen à bien fonctionner dans une société démocratique.

Les devoirs du journaliste

Le journaliste a des règles claires à respecter lorsqu’il écrit sa nouvelle. Il doit respecter ce qu’on appelle un « code de déontologie ». La déontologie, c’est l’ensemble des règles ou des devoirs que les journalistes sont tenus de respecter dans leur travail. Ce n’est pas un instrument légal, mais plutôt moral ou éthique. La Charte de Munich, signée en 1971, est l ‘un des textes de référence. 

 

Au Québec, il existe quelques codes de déontologie journalistique, comme ceux de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ), du Conseil de presse et de Radio-Canada. Les principes généraux sont  les  mêmes, même si certains détails peuvent varier d’un document à l’autre. Les règles qu’on y retrouve convergent vers le même but: s’assurer du professionnalisme et du sérieux du journaliste.

 

Parmi ces règles, le journaliste doit s’assurer que ses informations sont factuelles et vérifiées. Ce qui implique inévitablement l’existence d’un processus de vérification des faits, parfois long et fastidieux, pour valider un article ou un reportage. Le journaliste doit trouver plusieurs sources, s’assurer qu’elles soient variées et fiables, en plus de récolter des preuves et de valider le tout avec le rédacteur en chef. Si un journaliste n’est pas certain de la véracité de son information, il ne la publiera pas.

 

De plus, dans un texte de faits servant à informer —reportage, nouvelle, enquête, etc.— le journaliste doit s’en tenir aux faits, et laisser ses opinions de côté.  L’opinion a évidemment sa place dans les médias, mais dans des espaces dûment identifiés à cette fin. Les chroniqueurs et les éditorialistes donnent leur point de vue, tout en devant étayer celui-ci sur des faits.

 

Et si le journaliste ne respecte pas ces régles ?

Ces règles ne sont pas prises à la légère. Un journaliste ou un média peut être blâmé par le Conseil de presse s’il agit à l’encontre des devoirs journalistiques. Si un journal fait une erreur, il a la responsabilité de publier un rectificatif, afin de corriger un faux pas.

 

Le public peut également se plaindre auprès d’un média s’il considère que le travail d’un journaliste ne respecte pas un code de déontologie. Au Québec, le Conseil de presse reçoit aussi les plaintes du public et vise à défendre le droit du public à obtenir de l’information de qualité. Marie-Ève Carignan rappelle toutefois que le Conseil de presse est « un organisme d’autorégulation, qui est non-légal, à adhésion volontaire, qui traite les plaintes du public et qui donne des sanctions qui ne sont que morales. » Autrement dit, ces blâmes n’ont pas de valeur légale, mais nuisent à la réputation et la crédibilité du journaliste qui en reçoit.

 

Les journalistes rigoureux ne souhaitent donc pas s’attirer de telles sanctions. Ils savent que leur travail a  un impact sur le public désireux de s’informer adéquatement et ils suivent généralement un même ensemble de règles visant à éviter les erreurs, les interprétations trompeuses, et à garder la confiance du public.

 

Pour aller plus loin :

Notre fiche pédagogique Qu’est-ce que l’éthique journalistique

La capsule vidéo Distinguer les faits des opinions

La fiche pédagogique Information vs opinion

La fiche pédagogique La multiplication des genres journalistiques

 

Crédit: The Climate Reality Project, Unsplash

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