Table ronde: Pour une diète informationnelle équilibrée

Table ronde: Pour une diète informationnelle équilibrée

 

Quels sont les pouvoirs des géants du web? Quels sont ceux des milliardaires qui les possèdent? Les réseaux sociaux sont-ils des armes de désinformation massive? Ce sont quelques-unes des questions posées par l’ancien directeur de l’information de Radio-Canada et journaliste, Alain Saulnier, lors de l’ouverture de notre table ronde, le 20 mai dernier à la Salle des boiseries de l'UQAM.

L'événement intitulé Pour une diète informationnelle équilibrée, réunissait également Laurence Grondin-Robillard, professeure à l’École des médias de l’UQAM, et Alexandre Sirois, éditorialiste à La Presse et auteur du livre Le délire de l’empire américain. Alain Saulnier, qui vient de faire paraître l'essai Tenir tête aux géants du web, a d’emblée campé le décor avec des données et des exemples qui donnaient la mesure de l’immense  pouvoir que ces compagnies ont acquis, en peu de temps, sur nos vies et nos démocraties. 

Animée par André Lavoie, journaliste et administrateur au CQÉMI, cette table ronde a permis d’aborder plusieurs thématiques, dont la surabondance informationnelle arrosée de fausses nouvelles — les « calories vides », selon l’expression d’André Lavoie — et l’importance de consommer une information de qualité. Un des objectifs était aussi de rechercher des pistes de solution pour nous affranchir, individuellement et collectivement, des espaces informationnels contrôlés par les géants du web. 

Selon Laurence Grondin-Robillard, le fonctionnement même des  réseaux sociaux s’avère problématique. « J’ai moi-même été témoin de l’effet des bulles de filtres, notamment lors de l’élection américaine de 2016, quand j’ai cru qu'Hillary Clinton allait certainement remporter la victoire. »

Elle poursuit en soulignant « qu’il ne faut pas trop en mettre sur le dos des utilisateurs. Le retrait des vérificateurs de faits [décision prise par Meta au début de l’année] vient prouver ce point. On demande aux utilisateurs de vérifier eux-mêmes les faits. » Même enjeu en ce qui concerne l’interdiction des téléphones à l’école, ajoute-t-elle, car « ce n’est pas aux enseignants de faire cela. Il faut des cours de littératie médiatique, il faut former et informer les jeunes, mais aussi la population en général, quant aux réalités qui les affectent ». 
 
Alexandre Sirois souligne que « les réseaux sociaux se présentent comme des vitrines qui permettent de s’évader des contraintes imposées par les médias traditionnels ». Or, il constate que  « ce sont les réseaux sociaux qui contrôlent», et l’arrivée de l’intelligence artificielle va carrément devenir « un danger pour nos démocraties ». « Ces outils sont fortement utilisés pour désinformer et transformer les faits, déplore l’éditorialiste de La Presse. Au cours des prochaines années, les journalistes seront plus nécessaires que jamais. »

Aux citoyens qui se demandent comment lutter, à leur échelle, contre ces géants, Alain Saulnier propose un parallèle avec l’environnement. « Si je fais seul mon compost, celui-ci ne changera pas le sort du monde. Il en va de même pour l’éducation aux médias. Cela n’est pas notre unique responsabilité, il faut un effort collectif, une compréhension collective du phénomène. »

La table ronde Pour une diète informationnelle équilibrée a été rendue possible grâce au soutien financier de la Fédération professionnelle des journalistes du Québec (FPJQ) et du Secrétariat à la jeunesse du Québec.

Pour écouter la discussion:

En complémentarité au thème de la discussion, lisez ce texte d’André Lavoie, publié dans Le Devoir en marge de cet événement: Les calories vides de la désinformation

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